Selon Fabrice Roger-Lacan, c’est de la gravité que naît le rire.

C’est à une splendide histoire d’amour et de deuil que nous convie la nouvelle comédie de Fabrice Roger-Lacan. Courtisée par son charmant locataire et un metteur en scène qui l’idolâtre, Suzanne n’a de pensées que pour son époux, dont le fantôme ne la quitte pas. Peut-elle refaire sa vie tout en restant fidèle à celui qui n’est plus ?
Survivre à son époux, est-ce le tuer une seconde fois ? 

QUELQUES PHOTOS

©Isabelle De Beir

CALENDRIER DES REPRÉSENTATIONS

OCTOBRE - NOVEMBRE 2023

Durée du spectacle : 1h30 sans entracte.

Réservation

Mar
17.10.23




Mer 18.10.23



20H15

Jeu
19.10.23



20H15

Ven 20.10.23



20H15

Sam 21.10.23



20H15

Dim 22.10.23

15H00

20H15

Mar
24.10.23




Mer 25.10.23



20H15

Jeu
26.10.23



20H15

Ven 27.10.23



20H15

Sam 28.10.23

15H00

20H15

Dim 29.10.23

15H00


Mar
31.10.23



20H15

Mer
01.11.23



20H15

Jeu
02.11.23



19H00

Ven
03.11.23



20H15

Sam 04.11.23



20H15

Dim
05.11.23

15H00


Mar
07.11.23



20H15

Mer
08.11.23



20H15

Jeu
09.11.23



20H15

Ven
10.11.23



20H15

Sam
11.11.23



20H15

Dim
12.11.23

15H00


Avec Marie-Paule Kumps, Bernard Cogniaux, Nathan Fourquet-Dubart et Nicolas Buysse.


Mise en scène  Isabelle Paternotte
Scénographie  Dimitri Shumelinsky
Costumes  Béa Pendesini
Lumières  Félicien Van Kriekinge

Coiffures-maquillages  Michelle Lemaire

Assisante Fanny Dumont


POUR EN SAVOIR PLUS 

Selon Fabrice Roger-Lacan, c’est de la gravité que naît le rire.

C’est à une splendide histoire d’amour et de deuil que nous convie la nouvelle comédie de Fabrice Roger-Lacan. Courtisée par son charmant locataire et un metteur en scène qui l’idolâtre, Suzanne n’a de pensées que pour son époux, dont le fantôme ne la quitte pas. Peut-elle refaire sa vie tout en restant fidèle à celui qui n’est plus ? Survivre à son époux, est-ce le tuer une seconde fois ? 

Actrice adulée du public, Suzanne n’est pas remontée sur scène depuis la mort accidentelle de l’homme qu’elle aimait et avec lequel elle partageait sa passion du théâtre. Elle veut vivre toujours à ses côtés, conversant sans cesse avec lui comme s’il était vivant. Cette présence l’enveloppe comme une conscience quand elle doit faire face à l’intrusion d’un jeune voisin fétichiste et à celle d’un auteur qui vient lui proposer une pièce spécialement écrite pour elle comme si sa vie en dépendait.​
L’irréel et la réalité, le fantasme et le poids de la vie s’entremêlent dans un carrousel dont la folie drolatique naît non pas d’artifices mais de sentiments et d’inconscients que nous partageons tous.
Humour, délire et tendresse alternent pour nous faire rire et vibrer devant le lien invisible et plus fort que la mort qui unit les protagonistes.

Une ode au théâtre

Entretien avec Fabrice Roger-Lacan

L’avant-scène théâtre : La mort est-elle un sujet familier pour vous ?

Fabrice Roger-Lacan : Tout le monde porte un deuil dans sa vie, tout dépend ce qu’on en fait… J’ai vécu un deuil enfant, ce qui m’a donné très tôt un rapport fort à la mort. J’ai toujours eu l’impression d’un manque qui vivait en moi, une absence très présente. Mais l’idée du dialogue amoureux entre quelqu’un qui est encore là et celui ou celle qui n’est plus là est aussi une façon de parler de la jalousie. Il s’agit davantage d’une projection que d’un fantôme. Deux personnages cohabitent dans la tête de Suzanne, qui vit avec son mari défunt un dialogue intérieur.

AST : Suzanne est-elle un auteur caché ?

F.R.L. : Quand on vit une longue histoire d’amour, on porte vraiment l’autre en soi. C’est une réalité psychologique des histoires d’amour que d’imaginer les pensées, les mots, les réactions de l’autre. Mais, le vrai personnage d’auteur, c’est Max.

AST. : Un personnage autobiographique ?

F.R.L. : Je me suis un peu moqué de moi. Il y a ce moment toujours ridicule où on est face à une actrice, où on essaie de trouver les mots quand on présente son manuscrit ; on finit par dire un peu n’importe quoi. Mais je considère plus la pièce comme une lettre d’amitié aux actrices, au théâtre en général.

AST : Et le personnage de Simon, comment vous est-il venu ?

F.R.L. : C’est ce que Sautet appelait « l’attraction ». Il rythme, il donne une couleur. Lui aussi embrasse son idéal. Toute la pièce est une variation sur le thème d’un amour qui vous extrait du quotidien, de la réalité, de la vie. Être amoureux d’une actrice comme l’est Simon, c’est aimer toutes les femmes qu’elles ont incarnées, tous les âges qu’elles ont eus. Suzanne, Simon, Max sont chacun dans un rêve éveillé. Le personnage qui vit dans la réalité c’est paradoxalement celui du « fantôme » !

AST : Vous aviez des références pour ce couple d’artistes ?

F.R.L. : Pour Julien, j’ai pensé à Bergman. A l’œuvre qui subsiste après la mort de son auteur, et qui prolonge la relation amoureuse. Et pour Suzanne, de grandes actrices culte me viennent en tête : Romy Schneider, Monica Vitti mais aussi Maria Pacôme…

AST : Vous vous considérez plutôt comme un auteur de comédies ?

F.R.L. : Mes pièces plus dramatiques sont peut-être plus floues. Ma dernière pièce était une pièce mélancolique autour d’une naissance, alors qu’ici c’est une pièce comique sur le deuil. C’est magnifique de faire rire ou pleurer un public, de déclencher des émotions. Si je n’ai pas l’exigence du rire ou des larmes, je suis perdu !

 

Quelques réflexions avec Isabelle Paternotte

Quels sont les éléments qui ont éveillé votre intérêt à la lecture de ce texte ?

La pièce se passant dans le milieu théâtral, j’y ai retrouvé des échos de mon propre métier. Qu’offre le théâtre pour ceux et celles qui le pratiquent de l’intérieur, mais aussi pour ceux et celles qui viennent chaque soir dans une salle de spectacle ? Le théâtre est un monde d’illusions.

Fabrice Roger-Lacan décrit un personnage qui s’appuie sur l’illusion pour surpasser une épreuve terrible : le deuil de son mari. C’est l’illusion au carré ! Je trouve ce procédé très ludique, surtout qu’il le met au service d’une thématique dramatique. Je retrouve en cela, la liberté qu’offre le théâtre pour nous extraire de la réalité.

L’auteur a ajouté à cela un ton qui navigue continuellement entre le rire, l’introspection, la tendresse et une douce folie.

Connaissiez-vous Fabrice Roger-Lacan ? Et son intérêt pour la recherche de soi et l’illusion ?

Non, je ne connaissais pas cet auteur avant de lire sa pièce « Encore un instant ». J’ai été tout de suite séduite par la forme théâtrale qu’il a choisie. En effet, il injecte dans un récit assez classique des subterfuges théâtraux qui donnent à l’histoire plus de reliefs et de surprises et qui provoquent autant le rire que l’émotion.

Quand vous montez une pièce, qu’est-ce qui vous intéresse en premier lieu ?

Etant moi-même comédienne, c’est d’abord le travail avec les acteurs.trices qui m’intéresse. Je trouve fabuleux d’avoir la chance de pouvoir les regarder travailler, s’approprier un texte, construire des relations. Donc ma première lecture se fera sous cet axe : offre-t-elle assez de possibilités de recherches et de questionnements ?

Comme les anges dans les récits religieux qui ne sont visibles que de ceux qui croient en eux, Julien n’est vu que par Suzanne. Est-il pour autant un ange ?

Je ne le qualifierais pas comme cela. Perdre un être cher, c’est l’équivalent d’un tsunami émotionnel. On perd tous ses repères, on est confronté à un vide terrible, on est amputé d’une relation, on fait face à une douleur sans nom. Au lieu de faire parler Suzanne de tout cela, l’auteur a eu la très belle idée d’imaginer un mort. En cela, Julien incarne en quelque sorte les difficultés de Suzanne à faire son deuil. Elle a enterré son mari, mais pas encore leur relation. Il faut du temps pour cela. Elle s’accroche à tout ce qui la relie à la vie d’avant la mort de son mari. Elle va jusqu’à travestir le réel et inclure l’illusion de sa présence dans sa vie, car elle n’est pas encore prête à affronter la réalité de son absence. Elle, la comédienne, elle joue, elle triche pour ne pas devoir immédiatement affronter ce chagrin immense. Suzanne retient Julien tant qu’elle peut, pour prolonger le plus possible une cohabitation illusoire.