Le béret de la tortue

De Jean Dell et Gérald Sibleyras  | Châteaux 2021

Vacances entre amis, vacances pourries !

Trois couples partagent une villa de bord de mer pour les vacances. Mais il est difficile de vivre les uns avec les autres. Peu à peu, l’ambiance se détériore…

Chaque couple convoite la chambre de l’autre et toutes les perfidies sont possibles pour parvenir à ses fins et pourrir, au final, les vacances de tout le monde. Les jugements des uns sur les autres sont injustes et cruels et atteignent l’apothéose lors du dîner d’adieu.

DISTRIBUTION

Marie-Sylvie Hubot
Amélie Saye
Séverine De Witte
Arnaud Van Parys
Robin Van Dyck
Maroine Amimi

 

Mise en scène : Sandra Raco

Décor : Léa Gardin

Constructions :
Stéphane Devolder et Vigen Oganov

Peinture : Carine Aronson

Équipe technique
Félicien Van Kriekinge
Laurent Comiant
Corentin Van Kriekinge
Vigen Oganov

QUELQUES PHOTOS

POUR EN SAVOIR PLUS 

Nous partons au soleil, dans un lieu de villégiature, une belle et grande maison au bord de la mer, dans une crique, avec une vue imprenable sur les rochers du Béret, de la Tortue et de la Limace… Le rêve, quoi ! Le rêve ? Ce n’est pas si sûr…

Nous allons passer une semaine avec les trois couples qui ont loué la villa : Martine et Xavier (et leurs enfants) y viennent chaque année, Alain et Mireille (avec leurs enfants et Carmen, la baby-sitter) viennent pour la première fois, mais ce sont des amis de Xavier et Martine depuis longtemps ; et enfin Véronique et Luc. Luc connaît Alain depuis l’école mais, ni lui, ni Véronique, ne connaissent Xavier et Martine…

Et bien entendu, cela ne va pas bien se passer : C’est une très mauvaise idée de partir en vacances avec des gens qu’on ne connaît pas, ou pas bien. C’est une très mauvaise idée, dans la vie. Mais au théâtre, c’est un merveilleux prétexte à la comédie !

Pendant la première partie du spectacle, nous verrons ce qui se passe dans les chambres de chacun des couples. Nous verrons comment, jour après jour, ils vivent ces vacances et ce que chacun pense de tous les autres. Pour la deuxième partie, nous les retrouverons tous sur la terrasse, enfin ensemble, pour le repas de fin de vacances, à la veille du retour vers le quotidien… Et là, ce qui est né et a grandi dans l’intimité de chaque alcôve, va exploser au grand jour !

Jean Dell et Gérald Sibleyras ont un goût, une tendresse et un talent particulier pour décrire les petites laideurs de chacun, toutes ces petites touches qui font qu’un être humain est « seulement » un être humain et qu’il n’est pas un héros.

Ils font vivre des personnages qui demandent à être incarnés par des acteurs qui aiment mettre en valeur la comédie et qui ont eux aussi un grand talent de vérité.

Cette pièce est une ‘comédie psychologique’. En effet, même si l’essentiel de son originalité et de sa drôlerie lui vient des situations dans lesquelles sont plongés les protagonistes et de ‘l’esprit’ qui conduit l’écriture du texte, une grande part des ressorts de la pièce proviennent de la richesse psychologique des personnages. Il faut donc donner à chacun d’eux (et en toute légèreté !) toute l’épaisseur humaine de son caractère.

C’est un théâtre d’acteurs !

​Interview Sandra Raco

​Entretien avec Florian Zeller

Quels sont les éléments qui ont éveillé ton intérêt à la lecture de ce texte ?

L’efficacité et l’humour du texte. Dès le début on sait qu’on va passer un bon moment, on se détend et on se laisse faire. On s’identifie très rapidement à cette situation et à ces personnages qui nous donnent envie de savoir la suite et comment ça va se finir.

Comment définirais-tu cette écriture ?

C’est une écriture rapide et percutante. La situation et les personnages sont clairs et simples, ce qui permet au public de se sentir concerné dès les premières répliques. Le plus intéressant, c’est la manière dont les auteurs mettent en avant les défauts de chacun à travers le discours des autres, les rendant ainsi plus humains et plus proches de nous. Les dialogues fusent et donnent un rythme à la pièce qui fait ressortir l’humour des situations. C’est aussi extrêmement bien construit. On sent que la tension entre chaque couple monte au fur et à mesure de la pièce mais sans jamais voir les situations qui provoquent cette tension. Du coup la frustration de ces scènes qu’on ne voit pas, fait que le public n’attend qu’une seule chose, qu’ils se rencontrent enfin ! Et quand ça arrive, la tension est à son comble et ça explose. Le public sait depuis le début que ça va déraper, il s’y attend mais c’est ça qui est jouissif, il sait des choses que les personnages eux-mêmes ne savent pas encore.

En quoi c’est une pièce idéale pour la Tournée des Châteaux ?

C’est léger et drôle, ce qui convient très bien à l’esprit de la Tournée des Châteaux et d’autant plus en ce moment. Le texte se suffit à lui-même et ne demande pas une énorme construction scénique, les châteaux deviennent même un élément du décor. La situation dans laquelle se trouvent les personnages nous renvoie également à l’été, aux vacances et à la détente, ce qui correspond bien à l’ambiance de cette tournée.

Que peux-tu dire sur les personnages ?

Ils sont terriblement humains et donc attachants et amusants. Ils sont l’essence de ce texte. C’est par leurs caractères que la pièce est comique. Ce n’est pas si important de savoir si Xavier a mangé ou non son Pim’s, c’est le fait que Mireille aille jusqu’à le décompter du loyer qui nous fait rire. Ce sont leurs défauts, leur humanité et surtout leurs émotions exacerbées qui nous plaisent. On pourrait croire que ce sont des caricatures mais ce ne serait pas juste, ils sont comme vous et moi et c’est justement ça qui nous permet de nous identifier. On se reconnait forcément dans l’un ou l’autre personnage et aucun d’entre eux n’est ni tout blanc ni tout noir, chacun a une bonne raison d’agir comme il le fait. Leurs différences de point de vue vont créer plusieurs conflits et c’est clairement ce qui marche le mieux au théâtre.

Comment s’est faite la distribution ?

​Je me suis d’abord basée sur des indices très concret du texte. Chaque couple doit évidemment dégager quelque chose de très différent de l’autre. Je me suis surtout basée sur l’énergie des personnages en imaginant chaque comédien dans l’un ou l’autre rôle et ça m’a paru assez évident. Ensuite, pour que les scènes fonctionnent, il fallait bien sûr que le couple en lui-même soit crédible, mais attention, pas dans l’apparence, plutôt dans l’énergie qu’il dégage. Par exemple, si Mireille est souvent énervée et stressée, Alain doit être positif et rassurant. Je veux me servir de la base de la mécanique du couple comique qui est utilisée depuis toujours avec le clown blanc et l’Auguste.

Quelle a été la ligne de conduite pour la scénographie et les costumes ?

Simple et efficace, comme le texte. De toute façon, la Tournée des Châteaux impose cette contrainte dès le début. Il faut que ça soit facilement montable, transportable, que ça résiste au vent, à la pluie, … Mais cette contrainte est plutôt positive pour une pièce comme celle-ci car la scénographie ne doit être là que pour soutenir le jeu des comédiens. Elle doit porter le texte pour qu’il garde sa rapidité et sa fulgurance. Il ne faut pas trop de changement qui apporterait une lourdeur au texte et ne permettrait pas à l’humour d’émerger et à la tension de monter au fur et à mesure de la pièce.