Trois hommes et un couffin
Coline Serreau | du 11 septembre au 6 octobre 2019
Une histoire intemporelle sur la paternité de trois célibataires endurcis.
Un berceau d’émotions.
Le spectacle dure 2h30 (entracte compris).
DISTRIBUTION
Avec Denis Carpentier,
Frédéric Nyssen, Marc Weiss, Catherine Decrolier, Caroline Lambert, Gauthier Bourgois,
Robin Van Dyck
et Christel Pedrinelli.
Mise en scène : Alexis Goslain
Scénographie : Dimitri Shumelinsky
Création lumières : Laurent Comiant
QUELQUES PHOTOS
© Isabelle De Beir
POUR EN SAVOIR PLUS
Le plus grand succès cinématographique français des années 80 arrive sur les planches et c’est la promesse d’un spectacle cocasse et touchant.
Avant son départ pour le Japon, Jacques fait passer un message à ses deux colocataires Pierre et Michel : « Un copain déposera un colis et passera le reprendre plus tard ». Un matin, un petit paquet les attend devant la porte de l’appartement… un petit paquet qui n’est autre qu’un bébé emmitouflé dans son couffin. Le nouveau venu va bouleverser le quotidien de ces trentenaires fêtards. Pour eux, adieu la liberté et les aventures sans lendemain !
30 ans plus tard, la problématique des trentenaires et de la parentalité n’a pas pris une ride. Pour sa création théâtrale, cette histoire drôle et pleine de rebondissements revient dans une mise en scène moderne, avec des dialogues savoureux.
Quelques questions au metteur en scène : Alexis Goslain
Entretien avec Florian Zeller
Est-ce que tu te souviens avoir vu le film de Coline Serreau ? Tu l’as revu depuis ?
Je ne l’avais pas vu au cinéma et à cette époque, on attendait surtout la sortie en cassette au vidéo club du coin. On le réservait trois jours à l’avance pour être sûr de le voir. Ça rajoutait de l’excitation, contrairement à aujourd’hui où tout est disponible immédiatement sur les sites de streaming. J’avais 10 ans quand je l’ai vu (après l’avoir réservé au vidéo club) et ça remonte déjà à loin mais je me rappelle surtout de sa consécration au César. (Alors que le film n’avait pas décollé avant les récompenses.) Il a détrôné « E.T » et « les Aventuriers de l’Arche Perdue » de Spielberg.
Je l’ai donc vu à l’époque, ça m’avait plu, je découvrais surtout un autre élan vers la comédie touchante grâce à une jeune auteure réalisatrice, Coline Serreau, qui savait raconter des histoires et dessiner avec beaucoup de justesse ses personnages. On sortait des films bidochons à la Zidi pour se diriger vers des comédies sociales avec de très bonnes directions d’acteurs. Coline Serreau, pour moi, a été ce nouveau souffle sur la comédie française dont certaines scènes restent cultes aujourd’hui. A la mort de Maria Pacôme, c’est avec un extrait de « la Crise » que l’hommage se rendait sur les chaînes. Et grâce à cette séquence, Coline Serreau a rendu Maria Pacôme immortelle avec une scène qui traversera encore plusieurs générations.
Qu’est-ce qui a fait que ce film a marqué une génération de spectateurs ?
Ce film s’inscrit dans une époque où l’homme n’était pas aussi actif que nos trois complices du film. Sans tomber dans des généralités, l’homme était moins concerné et reproduisait ce qu’il avait reçu de ses parents. L’homme chasse et la femme fait à manger… Ça pourrait se résumer à ça bien que ce soit plus complexe. Tout était cloisonné et ça arrangeait bien une partie de la gent masculine de ne pas mettre les mains dans le visqueux et l’odorant. Ce film a peut-être été une bascule pour éveiller les consciences en faisant éclore la tendresse des hommes trop rudes et machos qui dominaient encore les années 80.
Qu’est-ce qui fait que la thématique du film est toujours actuelle ?
Il est toujours d’actualité car il fait exploser les codes du patriarcat. De plus, on est dans de l’humain. Face à l’inconnu, on est tous confrontés à des montées d’angoisse ou de stress alors que nous avons une faculté à nous adapter aux situations les plus extrêmes. Ce qui nous fascine aussi, nous spectateurs, c’est de voir ces trois hommes confrontés à quelque chose éloigné d’eux ou enfoui au plus profond. Ici, la question « dramatique » est de de savoir s’ils vont assurer mais surtout réussir à développer chez eux l’instinct, qu’il soit maternel ou paternel. Donc oui, ce film nous ressemble encore aujourd’hui et il est d’autant plus important dans l’époque dans laquelle nous vivons, un temps où le souffle féministe tente de remettre un équilibre logique et salutaire entre hommes et femmes. Désemparés, nos trois hommes vont devoir s’adapter une fois de plus à l’apprentissage de la vie. Dont le symbole ici est Marie.
L’humour a changé depuis la création du film, les mœurs aussi, y a-t-il une actualisation ou une modernisation opérée pour le spectacle ?
Je n’ai pas eu besoin de m’attacher à une modernisation spécifique. Dans le cas de ‘Trois hommes et un couffin’, la manière de réagir à une situation ou aux blagues, est la même qu’il y a 30 ans.
Quelles sont les références utilisées pour ta mise en scène ?
La difficulté est de ramener un film au théâtre et d’essayer de le faire oublier le plus possible. Ici, on s’attaque à un classique ce qui rend la tâche plus ardue. Les répliques et quelques scènes cultes restent encore inscrites dans nos souvenirs lointains et il est donc important de surprendre pour ne pas laisser le spectateur s’installer dans quelque chose qu’il a déjà vu ou entendu. Coline Serreau a signé l’adaptation en y laissant de la vidéo. J’ai voulu dévier de cette trajectoire, et ne jouer que sur les artifices du théâtre en supprimant toutes les projections vidéos. Même si le ton, l’humour et la tendresse s’y retrouvent toujours, je trouvais intéressant de ne pas insérer d’images qui de toute façon seront moins belles que celles du film. Mon référent donc ici, celui qui prime, c’est le théâtre. Et c’est peut-être par le biais du théâtre qu’une autre génération aura envie de voir le film. J’ai donc voulu m’approprier au mieux le texte en oubliant qu’il avait brillé et fut récompensé par le passé. J’ai misé pour une vision plus Rock et plus tiré de la comédie anglaise façon Richard Curtis pour m’éloigner de la texture comédie française des années 80 ans.