Salomé Lelouch propose une partition libératrice pour tout un chacun.
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15H00
DISTRIBUTION
Avec Catherine Conet, Alain Leempoel, Hélène Theunissen et Bernard Yerlès.
Mise en scène Alain Leempoel
Scénographie Noémie Vanheste
Costumes Chandra Vellut
Lumières Laurent Comiant
POUR EN SAVOIR PLUS
« Fallait pas le dire. » Surtout à quelqu’un de mauvaise foi. Parce qu’aujourd’hui tout est sujet à discussion, ils vont s’en donner à cœur joie. Trottinette, chirurgie esthétique, #MeToo… Le débat est lancé, et on ne sait pas où il va retomber, ni dans quel état.
On rit, on sourit, on est ravi. "Fallait pas le dire" est une comédie moderne, intelligente et enlevée, une partition libératrice pour les acteurs comme pour tout un chacun.
Quelle délectation d’entendre formuler ce que l’on ne peut plus dire !
Cette comédie de Salomé Lelouch a été happée par sa mère et son beau-père (Bouix/Arditi) trop heureux d’interpréter sur scène un texte familial mettant en avant le conflit des générations sur des sujets où il n’est plus temps de se prononcer de peur de heurter.
Que peut-on dire ? Quand ? À qui ? Dans quelles circonstances ?
Interprétée jusque-là par un couple, la version belge va mettre en avant LE COUPLE sous toutes ses formes. 4 comédien(ne)s, 2 femmes et 2 hommes vont se croiser, s’interchanger, se décliner sous tous types de couples reconnus aujourd’hui mais qui n’échapperont pas pour autant à la vindicte du jugement de l’autre et à la pression de la société.
Ils (elles) conversent et s’interpellent sur des sujets qui révèlent leurs désaccords et suscitent disputes ou réflexions : que peut-on dire à sa belle-mère sans fâcher son conjoint ? A-t-on le droit de ne pas avoir d’avis sur des sujets politiquement sensibles ? Est-il permis de se réjouir de la douceur de l’hiver quand la planète brûle ? Peut-on parler d’homosexualité sans stigmatiser ? Le débat d’opinion se teinte d’humour et d’amour. Et les secrets les mieux gardés refont surface.
Alors qu’il est des domaines où la parole se libère, il y a des choses qu’on ne peut plus dire. Des petits mots du quotidien aux questions existentielles en passant par les secrets de famille, les couples se disent et se contredisent, s’aiment et se déchirent, pas que pour rire mais pour le spectateur, c’est irrésistiblement drôle.
Alain Leempoel
Entretien avec Salomé Lelouch
« Fallait pas le dire » est un texte écrit à la demande de votre mère et de votre beau-père ; avez-vous hésité à y répondre ?
Salomé Lelouch : Comment écrire pour eux ? J’ai tourné autour pendant quelques mois puis j’ai eu un déclic quand j’ai décidé d’écrire sur le couple, mais sans parler du couple, en évitant les sujets traditionnels qui y sont associés : l’amour, le temps qui passe… Au contraire, nous découvririons un couple au travers de ses discussions quotidiennes sur des sujets variés, souvent à l’origine de désaccords et de disputes. C’était le moyen de mettre beaucoup d’eux dans ce texte, sans rien raconter de privé.
Mentez-vous beaucoup, dans votre pièce, sur leurs caractères et leur relation ?
S. L. : On ment toujours au théâtre ! Ce que les personnages affirment dans leurs répliques ne correspond pas à leurs pensées ; parfois c’est inversé, et parfois ils ne le pensent ni l’un ni l’autre. En revanche, sur leur capacité à monter rapidement dans les tours et à redescendre tout aussi vite, c’est vraiment eux ! Je les dirige avec ce que je connais d’eux : pouvoir s’égorger pour la cuisson d’un gigot et se battre amoureusement pour descendre la poubelle l’instant d’après.
Vous avez conçu votre pièce sous forme de tableaux. Y a-t-il des auteurs qui vous ont inspirée pour cette construction ?
S. L. : Au départ, ce n’est pas mon univers, même si j’aime beaucoup ce que Jean-Claude Grumberg a écrit sur le couple dans « Moi je crois pas ! ». Mais écrire ces tableaux m’a permis de penser au couple avant de penser à mes parents. La question était de savoir s’il s’agirait des mêmes personnages tout au long du spectacle, ou s’ils seraient différents comme dans « La Ronde » d’Arthur Schnitzler, par exemple. Ma première version était plutôt dans cette veine.
Mais avec l’aide de Ludivine, nous avons travaillé à mettre en ordre les tableaux et à les relier afin qu’il s’agisse de bout en bout du même couple.
Derrière le portrait de couple, vous abordez des thèmes très actuels comme la liberté de choisir son genre, le réchauffement climatique… La comédie est-elle un bon moyen pour évoquer ces sujets brûlants ?
S. L. : Je ne cherche pas à ce que la pièce soit politique et prenne parti, mais à ce qu’on puisse parler librement de ces sujets, et y réfléchir. Il y en a deux sur lesquels on ne me fera pas changer d’avis : l’urgence climatique et la pédophilie. En revanche, je pense que tout le reste est culturel et peut être sujet à discussion.
Le problème est aujourd’hui d’autant plus compliqué qu’avec les réseaux sociaux, les téléphones, Internet, il devient difficile de distinguer ce qui relève de la sphère publique et de la sphère privée. Les frontières sont de plus en plus ténues.
Vous abordez aussi des thèmes intemporels comme la nuance entre franchise, tact et mensonge… Où vous situez-vous par rapport à cela ?
S. L. : Je suis « sans filtre ». Par curiosité, pour voir jusqu’où les gens peuvent aller, ou dans une optique didactique. Je peux aussi avoir tendance, par plaisir, à me faire l’avocat du diable. C’est plus amusant de ne pas être d’accord tout de suite. La sincérité est pour moi une déclaration d’amitié. Quand on me demande mon avis, je considère que c’est pour l’avoir vraiment. De même que je souhaite un avis sincère quand je le demande à quelqu’un.
Votre texte vous échappera un jour, monté et joué par d’autres artistes ; ne craignez-vous que son interprétation puisse le pousser dans un sens différent de celui qui vous a inspiré ?
S.L. : Si ! Mais c’est intéressant. L’ordre des scènes peut d’ailleurs être bousculé. Il pourra aussi être interprété par plusieurs actrices et acteurs, pour figurer différents couples. J’ai d’ailleurs pu mettre à l’essai ce texte lors de stages, et la même scène jouée par des interprètes différents pouvait prendre des sens totalement opposés. Cela dépend des opinions politiques, mais aussi du talent et de la conviction qu’un acteur peut mettre dans son rôle, ou simplement de sa forme ce jour-là. Le texte, ce n’est que cinquante pour cent du théâtre.
Propos recueillis par Violaine Bouchard, L’Avant-Scène théâtre, n°1491.