Larguez les amarres

Marie-Paule Kumps | du 8 septembre au 3 octobre 2021

Une exploration des rouages familiaux avec ses secrets et ses révélations.
Une histoire tendre ancrée dans notre actualité.

Durée du spectacle : 1h45.

« Marie-Paule Kumps crée un joyeux imbroglio autour de la révélation d’un secret de famille. Une rafraîchissante comédie. »

La Libre

DISTRIBUTION 

 Avec Marie-Paule Kumps,
Catherine Claeys,
Marc De Roy,
Nicole Valberg,
Pierre Pigeolet
et Antoine Cogniaux

 Metteur en scène : Pietro Pizzuti
Décor : Francesco Deleo
Costumes : Béatrice Pendesini
Création lumières : Laurent Comiant
Création sonore : Laurent Beumier
Chorégraphies : Natasha Henry
Assistante : Catherine Laury

QUELQUES PHOTOS

© Isabelle De Beir/ Kim Leleux

POUR EN SAVOIR PLUS 

Tout commence par une journée à peine différente des autres pour Isabelle. Elle embrasse son mari qui part, comme souvent, travailler deux semaines à Abou Dabi et elle enchaine avec le train-train du quotidien : voiture à déposer au garage,soirée copine à préparer…
Mais… sa soeur arrive à l’improviste pour lui parler d’un « truc » qu’il faut démêler avec leur mère… Ensuite, son fils revient passer quelques nuits à la maison… Et pour finir, ce vieil ami metteur en scène, qui fait une carrière incroyable aux Etats-Unis, arrive, par surprise, dans la vie d’Isabelle…
​Aujourd’hui, la vie met bas les masques et Isabelle s’en trouve déboussolée…
Il faut réagir ! Mais en chemin : quiproquos, invraisemblances, incompréhensions, visions fantaisistes, personnages hauts en couleurs, slam, bouts de refrain, cachettes secrètes, et nettoyage de printemps…
Voici de l’humain dans ce qu’il a de touchant, c’est-à-dire dans sa normalité, ses peurs, ses ratés, ses hésitations, ses erreurs, ses petits mensonges de rien du tout… de l’humain dans lequel on peut se projeter.

​Marie-Paule Kumps

​Entretien avec Florian Zeller

Vous n’êtes pas à votre coup d’essai au niveau de l’écriture mais en quoi cette nouvelle pièce est-elle particulière ?

Peut-être par le fait qu’elle s’est écrite toute seule ? Je veux dire… au moment où j’ai commencé à l’écrire, cela m’était nécessaire de traiter le thème du secret, de la libération du secret et des mouvements que cela met en marche. Je ne savais pas consciemment où j’allais, mais il fallait que j’écrive ! Très vite, j’ai senti qu’il s’agirait d’une comédie, que les choses se raconteraient sous le prisme de l’humour et du décalage qui procède du regard qu’on porte sur les événements et de la distance avec laquelle on les ausculte. J’aime les personnages sincères, j’aime lorsqu’ils se montrent fragiles et sont touchants ; quoi de plus touchant que lorsque l’humain est dépassé par les circonstances ? La vie se met soudain à tourbillonner pour les personnages de ma pièce et ils tentent de « rester à flot ». Nous faisons tous cela lorsque nous rencontrons des obstacles, non ? Rencontrer des obstacles est un excellent moteur de comédie ! Comment faire pour se dépatouiller des problèmes ? Selon le regard qu’on porte, cela peut très vite être très drôle…. J’aime les choses un peu compliquées… les informations qui se croisent, les vérités dont on ne détient qu’une partie, les éléments de vie qu’on ne parvient à appréhender qu’avec son propre vécu, son prisme et non globalement, tandis que les spectateurs ont déjà toutes les clés… Alors, avec tendresse, le public peut rire des maladresses des personnages et des quiproquos des situations. Tous ces éléments sont éminemment moteurs de comédie !

Il faut dire aussi combien j’aime ce répertoire. J’ai eu la chance d’en jouer quelques-unes, en bonne partie ici même, au Théâtre des Galeries… et je finis par avoir un avis là-dessus, en toute modestie.

Qu’est-ce qui vous a motivée à raconter cette histoire ?

Ce qui m’a motivé à aller jusqu’au bout de mon écriture, j’entends à continuer à travailler au-delà d’un premier jet, fut l’envie profonde d’écrire quelque chose de drôle, avec un fond réflexif personnel, ancré dans notre monde d’aujourd’hui, en tentant d’éviter le plus possible les clichés et les attendus plus « bourgeois » qu’on retrouve souvent dans la comédie, en ne m’empêchant pas d’ajouter ma fantaisie et qui, à l’arrivée, soit une comédie populaire, c’est- à-dire une comédie susceptible d’intéresser le plus grand nombre… Je me mettais en quelque sorte des contraintes d’écriture précises, et ça, c’est très porteur et motivant !

Pourquoi choisir de parler de ce sujet ?

Parce que cela me semblait être un excellent moment pour aborder le sujet des origines. La révélation des secrets de famille que va vivre Isabelle, le personnage principal de l’histoire, tourne autour de ses origines, puis de celles de sa fratrie. Les progrès extraordinaires qui ont été accomplis ces dix dernières années dans le domaine de la génétique ont changé la vie de bien des personnes ! Père, mère biologiques retrouvés, parfois des éclaircissements pour des enfants nés sous x, ou par procréation médicalement assistée. En général, un secret « suinte » bien avant d’éclater. Ses détenteurs trahissent involontairement la chose cachée par des humeurs, des mimiques, de toutes petites choses qu’en général les « intéressés », je veux dire, ceux à qui l’on n’a pas dit, perçoivent. Le plus souvent, la libération d’un secret libère aussi les personnes qui y sont liées ; tout prend sens et un puzzle peut se (re)composer. Je ne veux pas généraliser, c’est probablement différent pour chacun. Pour Isabelle, c’est difficile sur le moment, mais ensuite ce sera très bien, très juste, moteur de changement et une grande porte qu’elle ouvre vers son demain.

Pourquoi ce titre ‘Larguez les amarres’ ?

​Parce que, grâce à mon compagnon, j’ai fait un peu de bateau…

« Larguez les amarres ! » pour moi, c’est concret : c’est ce moment où on a décidé d’y aller, de quitter le quai, on laisse filer le bout qui rattachait le bateau à la terre ferme et…. C’est parti ! On lâche ! On ne connaît pas à l’avance comment va se passer le voyage… il y a toujours une part d’inconnu… la mer est changeante, la météo ne nous obéit pas… L’aventure est devant. Ça va rouler, ça va tanguer, on va tenir et se laisser faire aussi…. C’est ce qui arrive à Isabelle !

Comment s’est construite cette production ?

​Lorsque j’ai pensé que mon texte était écrit, qu’il s’agissait bien d’une comédie, j’ai réuni des amis proches et j’ai organisé une première lecture. J’ai demandé à six amis comédiens que j’aime et dont j’aime le travail, s’ils voulaient bien avoir la gentillesse de lire ma pièce à haute voix, et à quelques autres de l’écouter avec moi. C’était assez impressionnant… Ecrire ça se fait seul, et c’est dans la tête. La lecture à haute voix est la première épreuve d’un texte de théâtre. Est-ce que « ça se dit » ? Les mots sortent-ils facilement de la bouche des acteurs ? Est-ce qu’on comprend ? N’est-ce pas trop long, touffu, confus ? On s’ennuie ? Toutes ces questions on ne peut y répondre correctement que quand le texte prend voix ! Tous étaient très enthousiastes, nous avons longuement parlé, et forte de leurs remarques, j’ai retravaillé.

Plus tard, un peu plus confiante, j’ai appelé David Michels, directeur du Théâtre des Galeries, nous nous connaissons bien, et je lui ai demandé si, éventuellement, nous ne pourrions pas venir lui faire une lecture de ma pièce pour qu’il me donne son avis. David connaît évidemment très bien la comédie ! J’ai trouvé de nouveau la lecture intéressante, David fut très positif et nous avons aussi longuement parlé tous les deux ; son œil attentif et avisé était précieux ! J’ai donc « remis le couvert » un fois encore ! « Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage… » C’est tellement gai de retravailler un texte, de tenter d’aller plus loin, d’être plus juste, plus concis, plus efficace. Je lui ai alors dit franchement que mon rêve serait de le jouer ici, dans ce si beau théâtre. Je pense qu’il s’en doutait ! Il a réfléchi. C’est une création totale, je veux dire, le spectacle se crée maintenant et il n’a donc pas encore fait ses preuves ailleurs. David a dit : « oui, j’y crois ! Allons-y ! »

Vous allez jouer avec votre fils, au-delà de l’envie et du plaisir, doit-on y voir un symbole ?

Non, pas de symbole ! Antoine n’est pas le personnage d’Alex ! Il est Antoine ! C’est un immense plaisir de le rencontrer sur un plateau. Ce sera la première fois ! Dès la toute première lecture dont il était, j’ai senti qu’il comprenait parfaitement ce que je souhaitais raconter… en-dessous des mots… Il y avait une évidence. Je lui fais entièrement confiance et me réjouis tellement de cette collaboration professionnelle. Ce sera très émouvant pour moi…

​Pietro Pizzuti

​Entretien avec Florian Zeller

Quels sont les éléments qui ont éveillé votre intérêt à la première lecture de ce texte ?

La justesse de ton. L’humanité des personnages. L’intérêt pour l’histoire. La sincérité de l’auteure. Le savant mélange du comique des situations, permettant aux personnages d’être drôles malgré eux, et de la vérité des événements les rendant identifiables par chacun. Autant de qualités dont fait preuve l’auteure, Marie-Paule Kumps, comédienne chevronnée, capable de manier, avec savoir-faire et humilité, l’art d’écrire des histoires drôles et touchantes qui nous amusent, tout en nous faisant réfléchir. Notamment grâce à son extraordinaire sens du rythme, de la mesure, de l’humain, de la scène, en un mot : du théâtre.

Comment définiriez-vous cette écriture ?

Bienfaisante. Je dirais même nécessaire. Diablement porteuse de sens et de questionnement. Marie-Paule écrit des personnages qui parlent comme ils pensent, c’est précieux. C’est ce qui les rend irrésistiblement humains. Pris au piège de leurs limites, mais aussi désireux de les dépasser, de (se)comprendre, de s’améliorer, d’être capables de résoudre les nœuds de leur existence. Cela ne peut se faire que grâce à une écriture à la fois fine, sensible et farcie d’une drôlerie toute naturelle. C’est jouissif !

Quels sont vos rapports avec Marie-Paule Kumps ?

Indispensables à mon équilibre psychomoteur et affectif. J’ai eu la chance de la rencontrer il y a quelques décennies et depuis je m’emploie à la fréquenter sans modération, non seulement professionnellement, mais aussi (oh bonheur !) grâce à l’amitié qui nous lie.

Quand vous montez une pièce, qu’est-ce qui vous intéresse en premier lieu ?

​Les acteurs. J’en suis. Je sais comment ça fonctionne, mais je ne sais toujours pas comment ni pourquoi ça marche. Du coup, c’est hypra-motivant de faire le chemin avec eux, pour qu’on se surprenne réciproquement… C’est ma façon d’être avec eux. Tout près… et en même temps -attention (!)- j’apprends à être à la bonne distance. C’est fondamental. Il faut leur donner confiance, puis leur faire confiance (!). Leur laisser le champ libre et nourrir leur imaginaire pour qu’ils se dépassent. Qu’ils aillent là où ils ne sont pas encore allés. Qu’ils osent se transformer, devenir différents de comment on les connaît. C’est un enjeu passionnant. La direction d’acteur. L’adéquation de tout le reste en découle. La scénographie, les lumières, les costumes sont d’une importance capitale, autant de dimensions qui soutiennent et servent les acteurs s’ils ont accepté de faire le voyage, humblement et en faisant confiance à l’extraordinaire pouvoir onirique de leur métier, s’ils n’ont pas accepté de faire le voyage, rien à faire… personne ne larguera les amarres !

Quelles sont les références utilisées pour votre mise en scène ?

Aucune à proprement parler. Je vis. Je mets en scène tout comme je vis. Tout ce que je vis devient référentiel pour mon travail de metteur en scène. Depuis mes petites connaissances jusqu’aux plus infimes épisodes de mon quotidien.

Que pouvez-vous dire sur les personnages ? Comment s’est faite la distribution ?

Sur les personnages, voir plus haut. La distribution s’est faite dans un climat de chaleureuse évidence. Les comédiennes et les comédiens autour de Marie-Paule se sont imposés dans notre imaginaire à tous trois (Marie-Paule, David et moi), voilà pourquoi la distribution est optimale !