Quadrille

Sacha Guitry | du 19 octobre au 13 novembre 2022

Une fantaisie douce amère. 

Quatre personnages, deux hommes,
deux femmes, tout ce qu’il faut pour danser
un quadrille admirable et effectuer de jolies figures !

DISTRIBUTION 

 Fabio Zenoni
Elsa Tarlton
Cécile Florin
Marvin Schlick
Arnaud Van Parys
Juliette Manneback

 
Metteur en scène
Thibaut Nève
Assistant
Thibault Packeu
Décor
Vincent Bresmal et Matthieu Delcourt
Costumes
Béatrice Guilleaume,
Anne Guilleray et Sofia Dilinos 
 

Création lumières
Félicien Van Kriekinge
Création sonore
Laurent Beumier
Coiffures-maquillage
Michelle Lemaire



QUELQUES PHOTOS 

POUR EN SAVOIR PLUS 

Dès son arrivée au Ritz, Carl Hérickson, une vedette d’Hollywood, est accueilli par la journaliste Claudine André et le rédacteur en chef de Paris-Soir, Philippe de Morannes. Tandis que l’acteur américain, assailli d’admiratrices, traverse le hall, une belle inconnue, qui se trouve être Paulette Nanteuil, comédienne et maîtresse de Philippe, semble étrangère à cette frénésie. Intrigué, il lui demande un autographe, qu’elle signe du nom de son amie Claudine. Le soir-même, Carl découvre sa véritable identité en allant la voir jouer au Théâtre du Gymnase. Il l’invite à dîner, tandis que Philippe est de plus en plus séduit par Claudine, elle-même n’étant pas insensible à son charme, ni à celui de Carl. Tous les ingrédients de la comédie sont réunis par Guitry et le Quadrille est en place.

Très finement observé, très finement écrit, très finement décrit, mais avec cette nuance douce-amère et un peu grave qui démarque Guitry des autres vaudevillistes, on prend beaucoup de plaisir à suivre cette histoire.

Interview Thibaut Nève

​Entretien avec Florian Zeller

Quels sont les éléments qui ont éveillé ton intérêt à la première lecture de ce texte ?

Le quadrille amoureux contenu dans le texte de Sacha Guitry est d’une étonnante et amusante modernité. Les différences d’âge entre les personnages et leurs différences sociales les conditionnent presque à une vision terrible, voire cruelle, de l’amour où d’aucuns s’autorisent à la passion tandis que d’autres n’y pensent quasi plus. L’amour prend les contours des déconvenues et des nouvelles opportunités, s’enflamme pour un regard ou s’éteint pour un mot malheureux. Il s’agit bien des vicissitudes du cœur et de l’esprit contenus dans une des plus belles langues de la littérature française.

Comment définirais-tu cette écriture ?

Les mots écrits par notre grand auteur domptent les transports amoureux pour en faire claquer toute la rugosité mêlée de soufre. Il y a dans ce texte de véritables citations à faire résonner tandis qu’il faut que les actrices et les acteurs en donnent également à entendre toute la drôlerie : nous sommes là à la croisée d’un esprit des plus français où le verbe devient un jeu d’escrimeur et à la fois donne à rêver la plus belle des sensualités.

Quand tu montes une pièce, qu’est-ce qui t’intéresse en premier lieu ?

La capacité à en faire une machine à jeu, c’est-à-dire sa capacité à émouvoir la future salle, la faisant passer du rire aux larmes. Et à la fois, la possibilité tout en me mettant à l’endroit stricte du texte écrit, à y glisser des parts de nos vies, envies, constats, rêves et désirs.

Quelles sont les références utilisées pour ta mise en scène ?

Je pense beaucoup au cinéma de Emmanuel Mouret. Il y tient enclos en un même mouvement les excès auxquels le cœur nous conduit mais aussi les positions absurdes et hilarantes que nous pouvons tenir quasi contre nous-même quand nous devons inviter nos cœurs à se calmer. Et tout cela en un texte très écrit, éminemment littéraire.

Que peux-tu dire sur les personnages ? Comment s’est faite la distribution ?

Je cherchais à équilibrer un quatuor amoureux avec des différences d’âge significatives, des différences de génération à chaque fois de dix ans entre mes interprètes. La distribution fut un réel moment de joie car je connaissais les six comédiens pour leur capacité à plonger dans l’humour d’une situation tout en étant à l’endroit génial du respect de la langue, un travail à la fois techniquement exigeant et qui demande en outre un vrai lâcher prise. Je dirige ces six là pour la première fois avec bonheur, les ayant vus jouer toutes et tous sans jamais les mettre en scène. C’est un vrai coup de foudre !

Quelle sera la ligne de conduite pour la scénographie, les costumes, la musique et les lumières ?

Nous avons choisi d’inclure des parts de modernités dans cette époque-là, d’en faire une sorte de patchwork des années trente aux années quarante, aux confins de l’art déco et de son épure mais aussi de sa force fondamentale. Le lieu est un hôtel parisien où l’architecture invitera à dévorer les corps et leurs trahisons inconscientes du regard amusé du spectateur. Tout concourra à donner à voir et à entendre les folles insouciances autorisées au sortir de la guerre, quand la vie reprenait ses droits, nous invitant encore aujourd’hui à dynamiter nos quotidiens à coup d’envolées, d’excès amoureux, et d’insouciance revigorante.

Sacha Guitry

​Entretien avec Florian Zeller

Mais puisque c’est au sujet de Quadrille que vous m’avez questionné, cher Monsieur, je vous dirai bien franchement quel a été l’objet. J’ai imaginé la situation dans laquelle se trouvent les deux personnages principaux de ma pièce au 3ème acte, et tout de suite j’ai commencé cette scène. Je ne connaissais alors que l’état civil de cet homme et de cette femme. A la première réplique son caractère à lui m’était révélé, à la 20ème réplique leur sentiment réciproque m’était connu, vers le milieu de la scène, j’avais deviné ce qui avait pu se passer avant, et au second tiers de la scène je savais comment se terminerait la scène. Et en somme Quadrille est une scène à deux personnages, précédée de deux actes et prolongée de trois, elle se noue pendant les deux premiers actes, les nœuds sont serrés pendant 25 minutes et elle se dénoue non sans difficulté pendant les trois derniers. Aux cours des six actes, si ma pièce présente quelques surprises, puis-je me permettre de vous dire que j’en ai été le premier surpris ?

Sacha Guitry, Cinémonde, 1937.